Dans les campagnes vallonnées du Sud-Ouest de la France, un air de rébellion flotte depuis cinq jours. Au cœur des préoccupations, les agriculteurs expriment leur colère, leurs tracteurs formant autant de barricades sur les routes de la région. Ils se tiennent debout, fatigués mais résolus, face à une situation qu’ils jugent insoutenable. C’est un mouvement d’une ampleur qui n’a cessé de croître, se matérialisant par des blocages de routes stratégiques, notamment l’A64 et l’A69 en Occitanie. Leur indignation trouve écho dans les oreilles des politiques, avec une rencontre programmée ce soir à Matignon. Que se passe-t-il exactement dans ces campagnes autrefois paisibles ? Plongée au cœur d’un mouvement social qui s’enracine et interpelle.
Rencontre à Matignon
Ce lundi à 18 heures, un rendez-vous de la dernière chance se tiendra à Matignon. Les leaders des deux syndicats agricoles majeurs, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, seront reçus par Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement. Cette réunion est le fruit d’une nécessité urgente : répondre à la colère grondante des agriculteurs en mobilisation depuis le jeudi 18 janvier.
Poursuite des mobilisations annoncée
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a fermement annoncé sur les ondes de France Inter que la mobilisation se prolongera « toute la semaine et aussi longtemps qu’il sera nécessaire ». Parallèlement, le syndicat Coordination Rurale promet des actions « spectaculaires » pour le 25 janvier.
Arnaud Rousseau, lors de son entretien prévu avec Gabriel Attal, espère obtenir des réponses concrètes sur trois aspects : l’aide aux agriculteurs, les délais de mise en œuvre et les moyens alloués. Après des promesses perçues comme des paroles en l’air, le FNSEA exige des actes.
Revendications agricoles
Les agriculteurs dénoncent un fardeau démesuré : l’augmentation des taxes et le poids des normes françaises et européennes. Ils ciblent particulièrement les mesures du Pacte vert européen et la loi EGAlim de 2021, qui, selon eux, ne protège pas suffisamment leur rémunération.
Soutien des écologistes aux normes environnementales
Malgré les revendications, des élus écologistes défendent les mesures environnementales européennes, arguant qu’elles ne sont pas responsables des difficultés agricoles.
Négociations sur la taxe foncière
Les jeunes agriculteurs attendent également des négociations avec la Direction départementale des Finances publiques concernant la taxe foncière sur le non bâti, qui pèse lourdement sur leur budget.
Menace d’un grand mouvement
Bruno Vila, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, exprime le désarroi ambiant et l’inquiétude des jeunes agriculteurs pour leur avenir.
Arnaud Gaillot, président du syndicat Jeunes agriculteurs, prévient : sans réponses satisfaisantes, le blocage continuera et pourrait préfigurer un mouvement d’ampleur nationale, voire européenne.
Perturbations attendues dans les Pyrénées-Orientales
La colère agricole se propage jusqu’aux Pyrénées-Orientales, avec des perturbations prévues notamment au péage de Perpignan-sud. Les convois de tracteurs sont annoncés et un appel est lancé sur les réseaux sociaux.
Les agriculteurs d’Agen se mobilisent
En plus des blocages autoroutiers, des convois d’agriculteurs se rendent dans des villes telles qu’Agen, où ils expriment leur mécontentement sur la place publique, incarnant la ruralité en mouvement.
« On est prêt à paralyser la capitale »
Jérôme Bayle, éleveur de bovins, incarne la détermination des agriculteurs à faire entendre leur voix jusqu’à Paris si nécessaire. L’annonce est claire : la mobilisation pourrait prendre une dimension nationale.
Manifestation à Bruxelles
Le syndicat Coordination Rurale organise une manifestation devant le Parlement européen à Bruxelles, le 24 janvier. Ce rassemblement coïncidera avec une réunion des ministres de l’Agriculture européens et se veut un cri d’alarme face à des réglementations jugées asphyxiantes.
Un fonds pour les méga-bassines
Dans une tentative de démontrer son engagement, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé un fonds de 20 millions d’euros destiné à soutenir la construction de méga-bassines. Ces réserves d’eau, controversées, sont considérées par le monde agricole comme une nécessité face aux défis du changement climatique.
Alors que les heures défilent et que les tracteurs ont battu le pavé, les agriculteurs attendent de voir si leurs revendications porteront leurs fruits. La France rurale a parlé, avec un accent qui résonne de la Garonne aux Pyrénées, un écho porteur d’un message clair : le respect et la reconnaissance de leur indispensable contribution au tissu national. Les tracteurs pourraient bientôt se retirer des routes, mais l’esprit de résistance, lui, restera gravé dans les sillons de ces terres nourricières.